Good Year, and Good Luck
Avez-vous déjà envoyé vos cartes de voeux? Au moment où j’écris ces lignes, la question paraît encore totalement saugrenue. Pourtant, dans les entreprises, y compris médiatiques, on a déjà choisi son modèle sans doute. Et je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui, en ce moment, se dégomment alertement sur les ondes, dans les pages des journaux, sur le Net…
S’enverront-ils des voeux dans quelques semaines? Si oui, seront-ce les voeux de la réconciliation ou ceux de l’hypocrisie? Y aura-t-il une trêve des confiseurs entre entreprises médiatiques? Auront-ils lavé leur linge en famille? Parce que bon, il me semble que tout ce déballage n’est pas obligatoirement du meilleur goût. Et tous ceux qui comptent encore un peu sur les médias pour traiter l’information pourraient bien se dire que si les dossiers prêtent autant à débats et à suspicions quand il s’agit de parler de la presse elle-même, ce peut être pire sur d’autres sujets. Et ils pourraient bien aussi se sentir les otages de ces batailles. Une fois passés les premiers tirs de rockets, les articles ont en effet de plus en plus révélé qu’il n’était pas seulement question de qualité médiatique et de porte-monnaie des citoyens mais aussi de gâteau publicitaire. Bref, en matière journalistique, il est difficile de jouer les preux chevaliers quand on est tous partie prenante de la grande bataille.
Et c’est vrai qu’on se sent tous bien secoués, non? A vrai dire, ce n’est franchement pas une époque pour les plan-plan. Entre rêves et réalités, il faut s’accrocher.
Et pour cela, on a parfois besoin d’un remontant. J’en ai un beau comme un cadeau de Noël. Il s’appelle « Good Night, and Good Luck ». Le film de George Clooney est sorti dans nos salles au début de l’année, il est disponible en DVD depuis septembre. Je sais, je vous ai déjà déclaré ma flamme pour Clooney dans un épisode précédent. Mais les premières lignes de la critique de Thierry Jobin dans « Le Temps » disent à quel point ce film est encore et toujours d’actualité. Je lui laisse la parole.
« Il y a de fortes chances pour qu’une partie des spectateurs, en particulier ceux qui gagnent leur vie dans les médias ou qui rêvent d’un monde de l’information sans conflits d’intérêts, versent une larme devant Good Night, and Good Luck. C’est arrivé au sursigné, alors même que ce pur chef-d’œuvre, concentré d’une heure et demie, ignore avec élégance les ressorts du mélodrame ou, pire, du chantage aux sentiments. »
Il m’est un peu difficile d’envoyer le film à tous ceux que j’ai lus ou entendus ces jours parler de qualité journalistique, de vérité… Mais c’est en tout cas une suggestion à leurs proches qui cherchent une idée.. Et moi, je vous souhaite à tous et à toutes de très belles fêtes de fin d’années.